20 ans de la loi Taubira.
Le Conseil départemental de La Réunion annonce un atlas de l’esclavage pour 2023

Le Conseil départemental annonce le lancement d’un atlas de l’esclavage à La Réunion à l’occasion des 20 ans de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et en préfiguration du futur musée de Villèle.

 

Présentation

• Il n’existe pas d’atlas consacré à l’esclavage à La Réunion. Or, un tel outil est nécessaire à la compréhension de la manière dont l’esclavage a impacté, dans différents domaines, le territoire, les hommes et leur mémoire.

Pourquoi un atlas ?

• Un atlas est un recueil de cartes permettant de localiser et de donner une lecture spatialisée des faits historiques. Il permet de comprendre comment ils ont évolué chronologiquement et géographiquement.

Une information complète

• L’atlas recensera les lieux physiques et symboliques ayant un lien avec l’esclavage :
– Les anciennes habitations
– Les lieux de marronnage
– Les lieux et objets de mémoire
– Le patrimoine matériel et immatériel
– Les toponymes ou l’esclavage dans le paysage
– Les services publics de la recherche et de la culture (Archives, université, musées, centres de ressources etc.)

• Il détaillera toute information disponible et identifiée en rapport avec chaque lieu.

Un outil moderne et accessible

• L’atlas sera numérique, librement consultable en ligne, de manière dynamique, intuitive et interactive.
• Il sera enrichi au fur et à mesure de l’avancée de la connaissance.
• Il pourra être publié sous forme d’atlas physique.

Un projet fédérateur, collaboratif

• La réalisation d’un tel projet est complexe. Elle nécessite la collaboration scientifique, culturelle, technique et matérielle d’un grand nombre de partenaires (monde de la recherche, sociétés savantes, associations…).
• Elle a aussi besoin de l’adhésion populaire.
• Et dans tous ces domaines, du concours de l’État, des collectivités, des institutions scientifiques et culturelles, des fondations et des entreprises privées au titre du mécénat.

Calendrier

2021 : état des lieux, constitution du corpus documentaire
2022 : élaboration de la cartographie
2023 : mise en ligne/inauguration des premiers contenus.

Les indemnités versées aux propriétaires d’esclaves recensées dans une base de données

Dans le cadre du projet de recherche « Repairs » une équipe du Centre international de recherche sur les esclavages et les post-esclavages du CNRS a retracé l’attribution et la circulation des titres d’indemnités au 19e siècle dans les anciennes colonies esclavagistes françaises, informations publiées sous forme d’une base de données, la première du genre.

Après avoir aboli l’esclavage pour la seconde fois le 27 avril 1848, la France accorde en 1849 une indemnité aux anciens propriétaires d’esclaves de l’empire colonial, à La Réunion, en Martinique, Guadeloupe, Guyane, au Sénégal et à Nosy Bé et Sainte-Marie de Madagascar. À travers cette mesure controversée, l’État tente de préserver ses intérêts économiques dans les colonies dont la possession est en péril, les colons menaçant de quitter ces territoires. 126 millions de francs or y seront consacrés sous forme de versement immédiat en numéraire (6 millions) et de rente annuelle de 6 millions sur 20 ans, selon des montants différents pour chaque colonie : une somme qui représente une part importante des dépenses publiques (Le revenu national de l’époque était de l’ordre de 10 milliards de francs or, 126 millions représentaient donc 1,3 % du revenu national. Actuellement le revenu national est d’environ 2100 milliards d’euros et en appliquant la même proportion, l’indemnité représenterait 27 milliards d’euros).

Ce travail a permis de montrer que les indemnités n’étaient pas réservées seulement aux grands propriétaires : plus de 30 % des bénéficiaires étaient des personnes de couleur, qui possédaient quelques esclaves (dans ces sociétés, le salariat n’existait pas). Par ailleurs, certains titres ont changé de mains afin d’éponger les dettes des anciens propriétaires : on pouvait donc devenir porteur de tels titres en tant que créancier mais sans avoir possédé d’esclaves. Fruit d’un travail de deux ans sur la base de plusieurs dizaines de milliers de documents d’archives, cette base se veut évolutive et collaborative : elle est amenée à être complétée au cours de futures recherches, ou par des utilisateurs qui souhaiteraient enrichir les données biographiques et généalogiques, en fournissant des sources.

Consulter la base de données

La loi d’indemnisation des colons du 30 avril 1849

Furcy, le procès de la liberté

Travaux de recherche, livre, exposition, pièces de théâtre, film… l’histoire de l’esclave Furcy, qui fut affranchi et qui revendiqua toute sa vie le statut d’homme né libre, inspire de plus en plus nos contemporains.

En 2019, en clôture de l’année de commémoration des 170 ans de l’abolition de l’esclavage, le Département de La Réunion a présenté au Musée de Villèle, Histoire de l’habitation et de l’esclavage, une exposition inédite qui a reçu le label d’exposition d’intérêt national « L’étrange histoire de Furcy Madeleine 1786-1856 ».

En 2021, sort un film de 52’, écrit et réalisé par Pierre Lane, Furcy, le procès de la Liberté. Il a été diffusé le 13 mai, sur le portail Outre-mer 1ère, dans le cadre de la Journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et leurs abolitions et à l’occasion des 20 ans de la loi Taubira.

Un combat judiciaire de 27 ans

En 1817, à l’île Bourbon, l’esclave Furcy ose contester à son maître Lory sa qualité d’esclave et se prétend né libre, d’une femme d’origine indienne, Madeleine, qui aurait dû être affranchie des années plus tôt lors d’un voyage en France.

Pendant plus d’un quart de siècle, de 1817 à 1843, Furcy lutta pour faire reconnaître son ingénuité. Ce long combat le mènera d’abord en prison à Bourbon, à l’île Maurice en tant qu’esclave puis affranchi et jusqu’à Paris où ses prétentions seront enfin reconnues par la justice française.

Comment cela a-t-il été possible ? Quel genre d’homme était Furcy ?

Ce documentaire retrace l’itinéraire de cet homme hors du commun. Le récit se déploie à partir des documents d’archives (lettres, mémoires, procès-verbaux), des témoignages d’historiens et des dessins d’animation.
Comme un puzzle, à La Réunion, à l’Ile Maurice, à Paris, se reconstitue peu à peu la trajectoire d’une vie inimaginable : avec ses péripéties, ses coups de théâtre, ses mystères, ses ambiguïtés aussi.

C’est l’histoire d’un homme seul, au cœur de la tourmente esclavagiste qui a broyé des millions de personnes. C’est l’histoire d’un homme inébranlable dans sa conviction : il veut la justice.
C’est l’histoire d’un homme qui revendique son appartenance au genre humain, son émancipation, sa singularité d’être humain.
C’est l’histoire d’un esclave nommé Furcy, qui après tant d’épreuves traversées, trouva à travers son nouveau patronyme : Furcy Madeleine, la dignité qui lui avait été si longtemps refusée.


FURCY, LE PROCÈS DE LA LIBERTÉ
Ecrit et réalisé par Pierre Lane
Produit par Fabienne Servan Schreiber et Estelle Mauriac (Cinétévé)
En coproduction avec Gao Shan Pictures et France Télévisions
Regarder le film

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