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Les esclaves de confiance et leurs maîtres à Bourbon au XIXe siècle

Un article rédigé par Albert Jauze, docteur en histoire.

L’étonnement que provoque de prime abord l’évocation de relations de confiance entre des personnes asservies et leurs maîtres mérite d’être soumis à la rencontre des sources d’Archives. Des hommes ou des femmes ayant toute autorité sur leurs esclaves témoignent en réalité dans des documents authentiques des liens qui pouvaient les rapprocher.
La confiance s’établit de nombreuses façons. Elle se tisse depuis l’enfance entre la nourrice (« nénaine ») et l’enfant. Elle se poursuit toute la vie des individus. Elle passe par la reconnaissance par le possédant des qualités de l’esclave. Les services assidus, parfois sur plusieurs générations, les soins pendant les maladies, contribuent à souder les liens.

[Moment de repos dans la propriété : Nénène assise sur l’herbe avec trois enfants et deux chiens]. Jean-Joseph Patu de Rosemont. [1810]. Dessin, sanguine.
Coll. Archives départementales de La Réunion, inv. 26J16

Si cela n’est pas expressément dit, il est indéniable que certaines de ces personnes esclavisées partageaient, ne serait-ce que pour des raisons pratiques, le toit du maître. Des modalités pratiques de cette faculté à elles attribuées, de son étendue, cependant, nous ignorons tout, les documents ne donnant aucune indication.
Nous sommes ici confronté à une réalité fort éloignée des analyses habituelles pour ce qui touche les études de l’esclavage à l’époque moderne, des soulèvements serviles, des phénomènes de marronnage. Quoi qu’il en soit, l’on reste soumis à l’unique optique du maître pour traiter de ces relations particulières. Des ressorts intimes de l’individu asservi, nous sommes réduits aux hypothèses, diffuses, qui tiendraient de l’ineffable.

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