La Réunion a pourtant l’avantage d’être ce que l’on pourrait appeler un « objet » facile à saisir : sa faible dimension permet d’appréhender la société tout entière sans avoir à se disperser sur des territoires immenses. D’autre part La Réunion se présente comme une sorte de cible, centrée par le point rouge du volcan entouré d’un premier cercle fait de montagnes au peuplement ponctuel puis d’un second cercle que limite la mer et où se concentrent les villes et les vastes zones agricoles qui s’étagent entre la mer et la montagne, et cela concentre encore mieux l’observation.
Cependant la société réunionnaise n’est pas simple à analyser. Son histoire lui a donné des visages très divers et elle a déposé de multiples strates sur ses terres, dans ses villages et dans ses villes, construisant au long des années un ensemble qui a su s’articuler en unité tout en gardant les signes de ses divers profils.
C’est de cette société que nous devons essayer de comprendre la structure et le fonctionnement, entre l’histoire qui l’a créée et ses relations internes et internes qui la modèlent.
En 1970, la première vision de celui qui, comme moi, arrivait à la Réunion, était l’usine sucrière de La Mare et les immenses pentes couvertes de canne qui l’entouraient et montaient au long d’une pente douce vers un découpage de montagnes. Paysage extrêmement beau, à la fois familier et déconcertant pour qui arrivait des îles de la Caraïbe.
D’emblée La Réunion lui apparaissait comme très proche de ce qu’il avait pu connaître et étudier dans les terres de plantation qu’étaient la Martinique, Marie-Galante et la Guadeloupe. La Réunion appartenait très évidemment à une même famille d’îles, celles que les géographes avaient alors coutume d’appeler les « îles à sucre ». Terres tropicales sur lesquelles la canne à sucre s’était étendue avec son lot de vastes propriétés et d’usines sucrières. D’emblée aussi se posait une première question qui s’avérerait centrale : ces apparences traduisaient-elles le fait que la structure sociale de La Réunion était, comme celle des Antilles et d’autres terres tropicales, celle d’une « société de plantation ? ».
La société dite de plantation se caractérise par la prépondérance d’une production agricole d’exportation, généralement centrée sur la canne à sucre, et par une organisation sociale et une structure de pouvoirs directement articulées avec cette activité dominante.
Les racines des liens entre l’esclavage et les plantations sucrières sont anciennes ; pour les suivre, il faut remonter bien en amont de la naissance des îles à sucre, vers une histoire souvent négligée qui permet de comprendre l’engrenage qui articule une forme de production avec certains traits d’une société, et en particulier les exploitations sucrières avec l’esclavage. La canne à sucre, originaire de Nouvelle-Guinée, a été développée dans le sud de l’Inde où l’on a longtemps assuré une petite production familiale de sucre (le mot « sucre » est d’origine tamoule). Produit de luxe, le sucre a été véhiculé vers l’Occident par les marchands arabes. Mais, après la constitution du royaume de Jérusalem à la suite des croisades, on introduisit la culture de la canne à sucre dans la région et dans les îles de la Méditerranée. L’exploitation changea de taille et prit la forme de plantations d’une dimension toute autre que celles d’une agriculture paysanne. L’appel à une main d’oeuvre servile se développa ; ne pouvant asservir des Chrétiens, on se tourna vers les peuples non encore christianisés, essentiellement les Slaves. D’où le nom donné à cette main d’œuvre (slaves, ou slavons ou esclavons), nom qui allait désormais la suivre à jamais et désigner son statut.
Le transfert de la canne vers l’Amérique espagnole commença très tôt (le beau-père de Christophe Colomb était planteur de canne aux Canaries) et s’inspira directement du modèle méditerranéen. Christophe Colomb suggère d’ailleurs dans une de ses lettres que les populations qu’il avait découvertes pourraient travailler sur les plantations ; cela ne put se faire en raison de la résistance amérindienne et c’est alors que l’on se tourna vers le marché d’esclaves de l’Afrique auquel l’Europe, en particulier le Portugal, avait accès.
Le lien canne à sucre/plantation/esclavage s’est ainsi constitué à partir d’une logique économique insérée dans une longue histoire. Ce lien s’est à son tour renforcé au cours du développement de ce qu’on a pu nommer la « société de plantation » et il s’est doublé d’une connotation raciale en raison du contraste entre l’origine des maîtres et celle de leurs esclaves.
La canne à sucre présente une exigence que n’ont ni le tabac, ni le café : elle doit aboutir, dans un court délai, à sa transformation en sucre. Cela implique une activité à laquelle se prête mal le niveau artisanal car elle doit atteindre une ampleur minimum pour devenir rentable. Il faut pour cela, outre le travail proprement agricole, investir dans des locaux, un matériel et des installations destinés à l’extraction du sucre. Leur rentabilité demande que la sucrerie reçoive un approvisionnement en cannes fraîches adapté à ses capacités de traitement et qu’elle ne soit jamais défaillante, et cela pousse à privilégier la culture de la canne, au détriment de toute autre. Le travail de récolte implique le concours d’une main d’œuvre assez abondante pour tenir le rythme et préparer la quantité de canne à broyer à la sucrerie. Des innovations ont permis le traitement de quantités croissantes de canne, et cela accroissait l’élimination des autres productions agricoles au profit d’une monoculture. De ce fait la sucrerie, puis l’usine sucrière, tendirent à contrôler de plus en plus de terres pour orienter leur production vers la canne à sucre. Il a fallu plus de main d’œuvre, de nouveaux investissements, de plus en plus onéreux.
Outre ce mouvement de concentration des terres, la concurrence des installations les plus performantes conduisait au long des années à la fermeture de bien des sucreries et à accroître encore la concentration, selon une dynamique où l’agro-industrie de la plantation sucrière a préfiguré l’émergence du capitalisme industriel.
Cette structure économique de la plantation retentit sur toute l’organisation de la société, dont la plantation est littéralement la matrice, caractérisée par quelques traits fondamentaux ;
– La présence d’unités agricoles et industrielles dont la production du sucre est l’activité centrale.
– La détention, par les producteurs de canne à sucre, de terres dont la superficie et la qualité permettent de rentabiliser les investissements et les frais d’exploitation
– Une technologie qui en évoluant donne une part croissante au capital
– Une force de travail abondante, disponible et de cout réduit. Elle se trouve initialement dans le système esclavagiste, contraignant à l’extrême par le statut qu’il assigne aux esclaves ; dans les îles tropicales, l’esclavage s’assortit d’un contraste racial, qui l’inscrit dans les corps et qui demeurera bien après son abolition une marque incarnée de l’histoire et le fondement de coupures de la société
– Un cadre légal et politique garantissant l’hégémonie sociale et économique du groupe des planteurs. Cela conduit à l’affirmation de ce groupe qui devient prépondérant sur la société et tend à s’ériger en aristocratie (« le sucre anoblit a-t-on pu dire aux Antilles).
Ce qui précède est un schéma trop général pour que l’histoire l’ait suivi au long de ses méandres ; chaque territoire, chaque île, l’a réalisé selon une configuration particulière, variantes de ce schéma au cours des années. Mais la structure de base a persisté.
A cette base se trouvent les « habitations » familiales. L’unité d’exploitation, « l’habitation » a préexisté à la canne. Dans sa thèse monumentale « La société d’habitation à la Martinique, un demi siècle de formation, 1635-1685 » Jacques Petitjean Roget montre bien comment s’est mise en place aux début de la colonisation des Antilles cette forme initiale de l’exploitation agricole issue des concessions accordées au premiers venus dans les îles : l’habitation a été la cellule fondamentale de la société en cours de formation. A travers ses remaniements progressifs elle marque encore le paysage et la société. Parfois jusqu’à nos jours, l’habitation familiale a été le soubassement de la production sucrière. Identifiée à un lieu et à une famille possédante, l’habitation s’inscrivait dans un réseau de liens familiaux et sociaux entre les « habitants ». C’est d’eux qu’est issue la minorité dominante qui a assuré sa suprématie sur la vie économique de l’île. Car l’habitation, unité de production, était aussi l’unité sociale, où cohabitaient ceux qui y travaillaient, propriétaires, cadres, travailleurs. C’est en elle que siégeait le contrôle social, dans des relations marquées par autoritarisme et paternalisme selon le lieux et les époques.. Dans une forte intégration verticale, chacun avait au dessus de lui, sur l’habitation elle-même, ceux dont il dépendait.
La concentration de la production de sucre dans des sucreries plus importantes mais moins nombreuses a conduit à des regroupement d’habitations, à la création de sociétés agricoles où nombre de propriétaires devenant exclusivement des planteurs, tandis que des détenteurs de sucrerie confortaient leur pouvoir, bien qu’il ne cessa jamais d’être fragile comme en témoignent les faillites de sucreries.
La société ainsi formée cristallisa encore plus le contraste entre une classe, numériquement très restreinte, de planteurs et d’usiniers détenant l’essentiel du foncier et le reste de la population. Au delà de son contrôle économique, la Plantation s’assure la prépondérance de la définition des intérêts de la société globale à travers sa propre grille de lecture, ce qui fige des inégalités extrêmes. On est comme automatiquement conduit à ce qu’un analyste des sociétés de plantations, Georges Beckford, a défini comme « persistent poverty », l’inéluctable pauvreté, pour le reste de la population en raison du fait que « partout (les plantations) occupent les meilleures terres et repoussent les paysans sur les hauteurs marginales ; la conséquence en est presque toujours le morcellement des terres et un standard de vie très bas pour les paysans ».
L’abolition de l’esclavage ne fut pas l’abolition des plantations et l’espace agricole disponible pour l’installation des nouveaux libres répond bien au constat de Beckford. Quant à elle, la société de plantation a résisté à cet ébranlement, et les anciennes structures, ainsi que bien des rapports sociaux furent réinterprétés par la suite, y compris lors de l’engagement de travailleurs sous contrat, assurant la grande continuité de la réalité sous de nouvelles apparences.
Cela se vérifia à la fin du 19ème siècle, quand les héritiers des structures issues de l’habitation ont été confrontés au développement d’usines sucrières qui demandaient un fort investissement en capital et qui poussaient à une logique économique étrangère à bien des planteurs. Dans certains cas, la plantation ancienne s’est arc-boutée de façon à se maintenir et elle a pu y réussir comme à la Martinique et parfois à La Réunion, au prix de la fermeture de bien des sucreries dont les ruines ponctuent le paysage. Ce fut aussi le passage du faire-valoir direct à une autre gestion de la production de la canne, soit comme à Maurice par des morcellements au profit de petits planteurs, contraints par ailleurs de maintenir la production de canne, ou, comme à la Réunion, par le colonage qui retenait les colons dans la dépendance directe des propriétaires. Puis vinrent les plus grandes concentrations : des conglomérats, rassemblèrent des surfaces considérables, fournissant la canne à des usines agrandies et rénovées et utilisant de plus en plus la mécanisation du travail agricole. Ces sociétés s’éloignaient de plus en plus du monde ancien de la plantation pour devenir une activité industrielle moderne, dont la gestion conduisit souvent à une déprise agricole et à une vente des terres en vue d’investissements dans des activités commerciales et touristiques : la société de plantation avait alors cessé d’exister en tant que telle.
La Plantation, système entièrement centré sur l’exportation, ne peut résister aux aléas économiques qu’en demeurant dans une étroite dépendance politique ou au moins économique envers une puissance qui fut, dans les îles tropicales, une puissance coloniale.
Ainsi, lorsqu’on parle de « société de plantations » il ne s’agit pas de toute société où il existe des plantations, ni de toute agriculture fondée sur la canne à sucre : il s’agit d’une société centrée sur le groupe dominant qui est l’axe de la vie politique et du système de valeurs. Les fortes inégalités du système (à travers l’esclavage, l’engagement ou un prolétariat rural) sont cautionnées par une idéologie qui dit les légitimer par sur origines des individus.
Le premier regard sur La Réunion était-il donc juste quand il y découvrait tous les indices d’une société de Plantation ? A priori, la Réunion semblait entrer dans ce cadre. Mais les choses sont plus complexes et elles méritent quelque détour car La Réunion est demeurée bien plus longtemps que les Antilles une société d’habitation à l’écart du monde du sucre et de ses conséquences. La venue très tard, au 19ème siècle, du « tout canne », a permis non seulement une certaine diversité de la production mais une plus grande souplesse du contrôle de la terre, une moindre stabilité d’un groupe de grands propriétaires se constituant en aristocratie, une dissociation au moins partielle entre statut social et origines : de grande plantations ont aussi appartenu très tôt à des originaires de l’Inde. Alors que dans la Caraïbe et à Maurice, la barrière entre les Blancs et les autres segments de la population est nette, à La Réunion les transitions ethniques et sociales sont multiples. La mobilité et la perméabilité sociales sont loin d’avoir figé un groupe dominant resté partiellement ouvert, avec des ascensions et des effondrements. Par ailleurs La Réunion, par son relief, comme la Basse-Terre de la Guadeloupe offre de multiples possibilités d’émergence à des paysans.
Toutefois, La Réunion, même si elle a une grande spécificité, participe pleinement au modèle de la société de plantation qui l’a longtemps dominée. La « vocation sucrière » de l’ile, les liens de ses classes aisées avec le monde de la plantation, l’extension de la grande propriété à tout le cercle sucrier de La Réunion en attestent. Rien de plus éloquent que de dégager l’évolution de la société réunionnaise en retraçant, même très brièvement, l’histoire de certaines habitations. Le passé de l’habitation où se trouve actuellement le Musée historique de Villèle à St Gilles les Hauts en offre un parfait condensé. Dans une première époque, on assiste à la fragmentation, au gré des héritages, de la concession initiale, que détenait Thérèse Mollet en 1698. Cette « machine à hacher la terre » selon une expression de Jean Mas, opéra jusqu’en 1785 et aboutit à ce que la propriété initiale soit divisée en huit parts inégales, en forme de bande parallèles. Vint un changement radical quand Henri Paulin Panon Desbassayns, puis sa veuve, Madame Desbassayns développèrent la plantation et entreprirent de rassembler les terres reconstituant peu à peu l’ancienne concession à l’exception d’une étroite zone. Sucrerie, accroissement du nombre d’esclaves, et aussi efforts afin d’ériger le domaine en une terre aristocratique. La construction d’une chapelle destinée -ce qui n’aboutit pas- à obtenir un statut la rattachant non à l’évêché de La Réunion mais à Rome, alliances matrimoniales avec la grande famille aristocratique de Villèle, tout concourait à faire de cette habitation un exemple de ce à quoi on aspirait, souvent en vain, à la Martinique, à La Réunion ou à Maurice.
Puis tout périclita, jusqu’au choc final. La départementalisation de La Réunion date de 1946. C’est en 1948 que sont constituées les Sucreries de Bourbon, rassemblant nombre de société familiales, et introduisant de nouvelles modalités de gestion des terres dans un effort en vue de s’adapter aux nouvelles contraintes, et de tirer parti des nouvelles opportunités. Les héritiers lointains de Madame Desbassayns durent céder leur bien, qui fusionna dans le grand ensemble. Quelques aménagements leur permettaient de maintenir leur mode de vie dans une maison qui n’était plus à eux. Les traces de l’ancienne société s’effacèrent. Remaniement social considérable qui toucha aussi les anciens colons, devenus « orphelins d’un univers paternaliste qui meurt » selon l’expression de J. et R. Potier.
Il était loin, le vœu qu’exprimait dans son testament, en novembre 1845, Madame Desbassayns ! Ses héritiers au long des générations futures devaient garder intacte la propriété, comme un ensemble unique, et « en jouir en commun et indivisément aussi longtemps que faire se pourra ». Elle émettait un souhait, presque un ordre : « Mon voeu le plus ardent étant que cette propriété et les esclaves qui y sont attachés ne passent jamais en des mains étrangères ».
La logique économique des grandes sociétés ne faisant pas du sucre une priorité, il apparut assez vite que le capital que représentait la terre serait mieux employé dans d’autres activités. Les Sucreries de Bourbon comme d’autres se réorientèrent vers le commerce, vers le tourisme et d’autres ambitions qui en firent un conglomérat aux activités internationales, qui élimina de son nom le mot « sucrerie ».
Le choc de la départementalisation portait en lui le remaniement de la société. Les élus de la gauche qui avaient promu ce nouveau statut jugeaient que l’évolution se ferait dans ce sens ; les lenteurs initiales et les permanences inévitables ont masqué le fait qu’ils ont eu globalement raison : la départementalisation portait une révolution tranquille qui allait abolir le système de la plantation et la société qu’il avait constituée.
Toutefois la structure et les pouvoirs anciens ont longtemps amorti ces conséquences. La société de plantation, solidement tenue en main par un groupe social dynamique, se constitua en porte-parole de la vie économique, avec le relais d’élus bien placés. Des progrès techniques, l’audace de certains chefs d’entreprises inspirés par l’exemple de Maurice, où la plantation avait pu survivre aux aléas de l’indépendance, semblaient lui laisser un avenir réel. Mais on a vu combien le changement des règles du jeu dans une société auparavant en main par l’introduction massive du sucre a laissé la place à l’émergence d’une autre société.
Ce que l’on pourrait définir comme la fin de la société de plantation, dans son soubassement économique et dans les formes les plus visibles de son pouvoir social, n’implique pourtant pas la disparition de ses traces, ni de ses cicatrices.
Certaines de celle-ci sont devenues patrimoniales. On songe aux plus explicites : le Musée historique de Villèle ou le Musée de Stella Matutina à La Réunion, l’usine de Beauport à la Guadeloupe ou la fondation Clément à la Martinique. On songe aussi au patrimoine immatériel, qui s’exprime de plus en plus. Issu de ce qu’ont apporté avec eux les travailleurs venus de Madagascar, d’Afrique et de l’Inde il a été transmis, parfois sous une forme étonnamment stable, mais souvent, brassé dans le creuset des habitations, il s’est intégré dans les combinaisons multiples de la culture créole (dans la langue, les arts, les relations familiales, l’alimentation entre autres).
D’autres traces sont plus subtiles et plus diffuses : dans la stratification sociale, dans l’accès aux groupes dirigeants. Les réseaux de parenté entre les propriétaires des plantations, les élites économiques urbaines et bien des membres des professions libérales restent très vivants. Traces aussi qui marquent la vie sociale et politique dans la permanence de relations hiérarchie/dépendance/révolte envers ceux qui représentent l’autorité, trace dans les formes d’occupation des sols et la répartition de l’habitat : des quartiers dérivent directement des anciens « camps » tandis que des cases dispersées témoignent du colonage.
D’autres héritages sont autant de « bleus à l’âme » chez les descendants de ceux qui, esclaves ou engagés, ont été marqués par un statut qui scellait leur inéluctable dépendance. Les corollaires raciaux et culturels d’une hiérarchisation impitoyable les ont courbés longtemps sous le poids d’un mépris qu’on leur avait appris à partager. Cela a conduit à une certaine « racialisation » de la société qui marque nombre de dimensions de la vie sociale et des valeurs attachées à divers éléments de la culture, tout particulièrement aux Antilles. C’est sur ce fond qu‘émergent diverses formes de reconstructions identitaires.
La société de plantation apparaît ainsi comme un cadre contraignant qui s’est délité. Laissera-t-elle la place à un désarroi dont témoignent bien des « laissés pour compte » ou à un équilibre plus harmonieux et plus porteur d’avenir pour ceux qu’elle avait dominés tout en les encadrant ?
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