Les esclaves sont recrutés pour leur force de travail, pour leurs deux bras. Ils n’ont pas droit à la parole. Désocialisés, dépersonnalisés, déshumanisés, ils sont néantisés. Ils font partie de l’histoire et pourtant ils n’ont aucune emprise sur leur histoire, puisque le droit définit chacun d’eux comme un meuble, comme la propriété d’un maître. Pourtant, en décidant de quitter leur lieu de travail lorsqu’ils sont insatisfaits de leur sort, pour gagner les zones montagneuses les plus reculées, ils font parler d’eux, ils sortent de leur néant. Parmi les premiers qui se lancent dans cette forme de contestation, quelques-uns parviennent à inscrire leur histoire dans la pierre. La roche devient écrite. La roche devient écrite (qu’il soit dit en passant, il s’agit là du vrai sens de l’expression Roche Ecrite), la roche devient le livre de leur histoire.