Durant le règne de Louis XIV, les Antilles, premières concernées par ce phénomène, sont destinataires des Lettres patentes royales de 1685, inspirées par Colbert (secrétaire d’État à la Marine de 1669 à 1683). Passées à la postérité sous le nom de Code Noir des îles françaises d’Amérique, ces lettres visent à régir le statut des esclaves. La volonté royale est de s’affirmer dans ces colonies et de s’immiscer dans les rapports entre esclaves et maîtres en limitant l’arbitraire de ces derniers.
À Bourbon, l’esclavage étant déjà une réalité, certaines dispositions du Code Noir des Antilles y sont appliquées de fait. Il faut toutefois attendre l’installation française à l’île de France et une demande officielle de la Compagnie des Indes orientales pour qu’en décembre 1723 des Lettres patentes régissant l’esclavage dans les Mascareignes soient éditées : il s’agit du Code Noir des Mascareignes, suivi en 1724 de l’équivalent pour la Louisiane.
Ces différents textes sont fondés sur des principes communs : l’esclave ne peut pratiquer que la religion catholique (il doit être baptisé) ; il ne peut rien posséder. Défini en tant que « bien meuble » transmissible, il demeure toutefois juridiquement responsable de ses actes et peut être puni pour ces derniers.
Le Code Noir des Mascareignes est enregistré à Bourbon le 18 septembre 1724 et à l’île de France en mai 1726. Partiellement amendé, il reste en vigueur à Bourbon jusqu’au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848.
Les Archives départementales de La Réunion en conservent l’exemplaire original expédié sur parchemin.