L’esclavage, pratiqué de tous temps et en tous lieux, s’insinue progressivement aux Mascareignes à partir de la fin du XVIIe siècle. Les lettres patentes de 1723 plus connues sous le nom de Code noir forment le cadre législatif en vigueur jusqu’en 1848. Les esclaves y sont définis comme des biens meubles.
Les sources de la traite ont changé selon les époques. L’Inde a été concernée ponctuellement, comme la côte occidentale de l’Afrique. Les deux sources essentielles ont été Madagascar et la côte orientale de l’Afrique. Des réseaux se constituent avec la participation des chefs locaux.
L’affranchissement est une libéralité du maître récompensant en général de bons services. Il est soumis à des conditions. L’affranchi doit pouvoir subvenir à ses besoins.
Une des réponses à l’oppression est la fuite ou marronnage (maronage). Une infra-société, « société du silence », voire un « royaume de l’intérieur », avec des « rois », « reines », se seraient formés dans les montagnes intérieures.
Les maîtres posent sur les esclaves des perceptions différentes en fonction de l’origine de ces derniers. Les esclaves « créoles » (nés dans l’île, parfois depuis plusieurs générations) sont en général les plus appréciés.
La première abolition de l’esclavage (1794) échoue aux Mascareignes, devant la résistance des possédants. La traite est théoriquement prohibée en 1817, et effectivement en 1830.
L’abolition est décrétée le 27 avril 1848 et prononcée officiellement le 20 décembre à La Réunion par le commissaire de la République Sarda Garriga. Plus de 62 000 individus accèdent à la citoyenneté. La question de leur insertion se pose.
Albert Jauze,
Docteur en histoire moderne, commissaire de l’exposition